Je pourrais être à Rome ou bien à Lisbonne, je pourrais être amoureuse folle, vivre la passion dans les rues de Venise, de Paris ou de Saïgon, je pourrais être comédienne sur les planches sous les projecteurs, ou bien peintre avec des robes longues dans le midi… Je n’ai pas su choisir, et je ne sais toujours pas. Jamais, je ne saurai, je crois.
J’ai toujours voulu les prendre, ces chemins, TOUS, tout à la fois, c’est alors que je me suis trouvée seule, souvent, à la croisée. Là. Où les gens sont de passage pour suivre les balisages…Lasse, hélas !
À l’aube fièrement, le pas haletant, le soir, dérisoire, en vain, que d’illusions…
Comment font les autres qui brillent dans l’ombre du monde ? 2020 éteint les comètes pour de bon, mais contre les poètes, jamais ils ne vaincront. Coriace, nue, cette race n’a que l’arme du coeur. Sa déraison. Alors à quoi bon ? Le dernier mot c’est eux qui l’auront : un soupir de la mer pour oraison.
Je suis là, dans une chambre du bout du monde, tout en haut d’une maison…
Et je n’ai que ça : cette Vie, bien à moi, qu’en faire ?
J’ai bien essayé de remplir tous les critères, de faire semblant, de sourire, quand même, à la bonne fortune… Pour eux, pour leur plaire, porter les costumes militaires. Puis les jeter par les fenêtres des bureaux et des métros. S’enfuir fiers, sur les quais, les sentiers… Au hasard ? Oh Rimbaud, avec toi j’aurais voulu fuguer… dire adieu au monde dans les déserts. Comme des saints, bâtards, traverser les mers dans le lointain. Je crois, cette vie n’a de sens que pour quelques secondes…
Déshérence et déraison.
Elles sont nos soupirs, n’oublie pas, notre oraison.